Au cours d’une vie, les moments de transformation sont les plus puissants. Ce glissement du familier vers une entité distincte est cet instant où nous sommes, à égale mesure, pétris de courage et d’une grande fragilité. Métamorphose du corps et de l’âme, abandon des vestiges du passé et nouveau commencement. C’est cette pliure cruciale que Yiqing Yin explore ici. En prenant la mue d’un serpent comme métaphore de son travail, la couturière explore les strates de cette évolution si particulière. « Il y a la notion, lorsqu’un animal ou une femme se transforme, de la douleur, d’une sorte de violence. Mais paradoxalement, il y a la douceur d’une peau neuve, une renaissance » raconte-t-elle.

La dentelle fait écho aux motifs graphiques de la peau du serpent. Des broderies à fleur de tissus ou en volume apportent une évolution texturale, tandis que l’insertion par touches, de mue de python vert, réputé pour son opacité blanche, provoque le frisson du réel dans une oeuvre imagée. La construction des ensembles renforce l’idée du renouveau en proposant des tenues qui semblent à peine suspendues sur le corps, comme si elles étaient sur le point d’être délaissées. Le Lurex donne l’illusion de vêtements faits de mercure.  Les silhouettes peuvent également se transformer par le simple déboutonnage du pan de soie d’une jupe, l’ajout d’une manche longue à une épaule ou l’enroulement de tissu à la taille.

sélection par Pascal Martinez-Maxima

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