La cuisinière Annette Boutiaut n’aurait jamais pu imaginer que son omelette soufflée réputée depuis 1888 se dégusterait un jour à Séoul, Tokyo ou Yokohama. Ni que ses sablés dorés destinés aux enfants se croqueraient dans plus de soixante-dix pays. La success-story s’est tissée au fil des marées, des paysages de la baie normande, des secrets d’une cuisinière et de la passion d’un homme.
Retour sur l’histoire d’une femme :
Le joyau dans son écrin de sable reprend le cours de sa fastueuse histoire en 1863 grâce à la décision de Napoléon III d’arrêter son activité pénitentiaire et de faire construire une digue-route. À pied, à cheval ou en carrioles, pèlerins et touristes gravissent de nouveau les 360 marches du chemin de procession qui conduit à l’église abbatiale. Mais endommagé par des décennies d’abandon et de maltraitance carcérale, le monument doit être restauré par l’État. Neuf ans plus tard, l’architecte Édouard Corroyer (ancien élève de Viollet-le-Duc) est chargé par la direction des Beaux-Arts de la restauration du Mont Saint-Michel et de l’Abbaye, qui sera classée en 1874 au titre des Monuments Historiques. Lors de ses voyages, il est accompagné de son épouse, sa fille et sa femme de chambre, Annette Boutiaut. La jeune bourguignonne, née à Nevers en 1851, découvre la Normandie et la mer, un paysage dont elle ne se lassera jamais jusqu’à sa mort en 1931. Au fil de ces périples dans le village, elle fait la connaissance du fils du boulanger du Mont, Victor Poulard qu’elle épouse le 14 janvier 1873. Pour palier son manque d’éducation, elle prend des cours d’orthographe et de calcul auprès d’une soeur institutrice du Mont Saint-Michel tout en assurant la gérance de la modeste « Hostellerie de la Tête d’or ».
L’ingénieuse cuisinière a alors l’idée d’offrir à ses hôtes une omelette cuite au feu de bois dans l’âtre de la cheminée, avant de leur servir le plat principal, un gigot de prés-salés. Soufflée, fumante et rosée, la délicieuse omelette dépasse la réputation de l’auberge qui devient trop petite pour accueillir ses admirateurs. Adulée par sa clientèle dont elle s’occupe toujours personnellement, la Mère Poulard a le chic pour séduire les plus modestes comme les plus célèbres.
Success-Story d’un homme :
Seul gardien du grimoire de la Mère Poulard, Éric Vannier est fasciné depuis l’enfance par cette Huitième Merveille mondiale visitée chaque année par trois millions de touristes. Enfant, il passe ses vacances chez ses grands-parents médecins qui vivaient dans la région. Dès premiers bains de mer aux cavalcades dans les ruelles étroites du village, ce montois d’adoption devient le plus jeune maire de France en 1983 en prenant la tête de la municipalité du Mont Saint-Michel qu’il garde durant vingt-quatre ans (de 1983 à 2001, puis de 2008 à 2014).
À l’ombre de l’archange Saint-Michel fraîchement revêtu d’un or flamboyant et dressé sur sa flèche à 160 mètres au dessus du niveau de la mer, la trentaine d’établissements du groupe d’Éric Vannier participent au mythe de cet îlot de granit, classé au Patrimoine Mondial de l’Unesco et reconnu comme la Huitième Merveille du Monde. Le Mont Saint-Michel et la Mère Poulard ne font qu’un depuis bientôt 130 ans. Symbole du made in France et du savoir-faire culinaire de l’Hexagone, la marque s’est répandue dans le monde entier au travers de son hôtellerie, sa biscuiterie et ses restaurants éponymes. Éric Vannier rachète en 1986 l’auberge historique en préservant son authenticité, son cachet, et bien sûr le secret de sa recette cuite au feu de bois. Petit à petit l’activité touristique se développe avec l’acquisition d’autres établissements, et le groupe La Mère Poulard voit le jour. À l’écart de la frénésie du village, trois hôtels et restaurants reçoivent avec l’hospitalité si chère à la Mère Poulard, les voyageurs. Le Relais Saint-Michel, un quatre étoiles labellisé Châteaux & Hôtels Collection offre depuis ses jardins, une vue panoramique sur l’îlot.
À la veille de l’anniversaire des 130 ans de la création de l’auberge historique, le Groupe a pour objectif de faire briller l’aura du Made in France et de la Mère Poulard en Chine et dans d’autres pays dont la liste est tenue secrète comme les recettes de son omelette et de ses fameux biscuits.
