En tentant de capturer cette âme invisible et la restituer, l’eau de toilette Trente-Quatre Boulevrad Saint-Germain, créée par le chimiste Roman Kaiser et le parfumeur Olivier Pescheux, est l’illustration exacte de l’axiome “hasard provoqué”, si cher à diptyque. Une gageure aussi : rien n’est plus fluctuant que l’instant, plus insaisissable que l’immatériel. Notes vertes et acidulées de L’Ombre dans l’Eau ; lactones du figuier de Philosykos ; pétales cueillis au coeur des bougies Muguet, Aubépine ou Tubéreuse, un rien de violette ; bois, muscs et résines venus des meubles, de l’encens. Saisis au vol un jour de 2011 comme les insectes dans l’ambre du crétacé.*
Arrive ensuite en 2013, L’eau du 34, senteur de printemps un matin où la boutique s’aveugle du premier soleil et s’échauffe d’optimisme. Quelque chose vif s’éveille, les bois sont plus clairs, les fleurs plus fusantes. Et tout d’un coup c’est comme si les bourgeons, l’herbe neuve et les feuillages revenus habitaient l’espace tout entier. Vert de cassis, lentisque, tubéreuse, patchouli.
Évidemment née d’une même inspiration, de la même adresse, mais d’un autre moment que les précédentes, cette nouvelle Eau de Parfum à nouveau signée par Olivier Pescheux, se fait à la fois plus incisive et plus profonde, en quelque sorte plus dorée, baignée d’éclat et de volupté. Construite autour de l’accord boisé des consoles, vitrines, tablettes et autres comptoirs ravivés par la lumière, elle s’appuie sur un exceptionnel santal australien d’origine indienne qui lui apporte une assise veloutée (intense) et un sillage presque lascif, une allure explicitement orientale. La vanille de Madagascar, déjà présente dans l’Eau de Toilette, renforce cette sensation d’enveloppement avant que n’arrive (écriture simple et courte) une fève tonka à haut taux de coumarine. Amandée, épicée (raccord avec cannelle et girofle), désirable. Ils sont dus à une pincée de poivre Pepperwood et une pleine poignée de baies roses, entre fruit et fleur, bienheureux “accidents” que l’on n’a pas senti venir.
Le tout dans un flacon de verre fumé au “cul” bien lourd, coiffé de bakélite noire, lui-même soigneusement enfermé dans un coffret imprimé blanc sur noir de basile, l’un des motifs les plus géométriques daté de 1963.
Eau de parfum diptyque 34 Bd St germain 75ml en vente au prix de 150€
