En 2021, pour ses soixante ans de diptyque, la Maison fait à nouveau la démonstration des collaborations multiples en ouvrant les portes d’une exposition – dans la Poste du Louvre récemment rénovée par Dominique Perrault – intitulée Voyages Immobiles – Le Grand Tour, réunissant neuf artistes internationaux : Joël Andrianomearisoa, Andreas Angelidakis, Johan Creten, Gregor Hildebrandt, Chourouk Hriech, Rabih Kayrouz, Ange Leccia, Zoë Paul et Hiroshi Sugimoto, sous le commissariat de Jérôme Sans, co-fondateur du Palais de Tokyo à Paris et commissaire d’exposition reconnu internationalement pour sa vision transversale.

RABIH KAYROUZ

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Dans cet univers, le coffret en bois de cèdre de Rabih Kayrouz, artiste libanais de la haute couture, est une réminiscence de Byblos, ville historique à côté de laquelle il a grandi et qui le fascine depuis l’enfance. Elle lui inspire une narration liée à l’histoire des fondateurs de diptyque : quels souvenirs auraient-ils pu rapporter de l’un de leur voyage à Byblos ? Dans cet écrin nommé Secretum reposent ainsi trois petites sculptures : le fragment d’une maquette d’un temple, le fossile d’un coquelicot, fleur née dans la proche vallée d’Adonis, et un fragment en or d’une couronne de cèdre qui aurait pu appartenir au roi de Byblos. Elle renferme et protège aussi le parfum de Byblos, mêlant café et cèdre, très évocateurs du Liban. Convoquant l’imaginaire d’une archéologie du futur, d’une capsule temporelle, il recrée de supposés vestiges de cette cité antique qui s’offriront demain aux prochaines générations.

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Portrait : Passionné depuis toujours de construction et d’artisanat, le designer libanais formé à Paris et passé par les ateliers Dior et Chanel, crée sa propre maison de couture en 1999, qui obtient l’appellation officielle Haute Couture en 2019, avec de nouvelles boutiques à Beyrouth et Londres. Dès ses débuts, Rabih Kayrouz affine une approche moderne et autodidacte des techniques de la couture et de la construction en drapant les matériaux directement sur les clientes. Sa passion pour le rapport de la mode au corps – offrant confort et sensualité, quels que soient l’âge et la silhouette – prend forme. Le jeune designer se distingue très vite par ses constructions pures et sa juxtaposition de tissus sophistiqués, organiques et bruts. Réputé pour ses robes de soirée et de mariage, le designer rejoint Paris en 2009, après plusieurs années passées à Beyrouth. Il y présente son premier défilé en juillet de la même année. D’hier à aujourd’hui, de Beyrouth à Paris, la maison Rabih Kayrouz confirme son identité de maison intime, à taille humaine et à rayonnement international.

CHOUROUK HRIECH

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À la source des lignes lointaines, de l’artiste franco-marocaine Chourouk Hriech, évoque les mondes fantasmés de Byblos. De vastes cartographies oniriques sont survolées par des oiseauxmigrateurs imaginaires, symboles d’envol, d’amour et de liberté. Les grands rouleaux de dessins, noir et blanc, témoignent des stratifications de la ville et de ses paysages. Les oiseaux représentés sur les murs ou disposés au sol résultent de l’hybridation entre ceux réels, que l’artiste a rencontrés « en nature » ou dans les gravures anciennes, et ceux qui sont le fruit de son imagination. Dans un film aérien et sur des vitrophanies, elle convoque l’image en mouvement d’un ciel dont elle essaie d’arrêter le contour, comme une lutte impossible avec les éléments. Un ciel commun où seraient dissipées les frontières entre toutes les formes de vie animales, organiques et végétales.

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Portrait : Dans un rapport constant à l’architecture, l’artiste franco-marocaine Chourouk Hriech construit par le dessin une oeuvre hybride, inspirée de l’histoire des lieux anciens, récents, réels ou imaginaires qu’elle traverse, et de ses lectures. Ses compositions viennent réactiver des formes enfouies dans la mémoire collective – paysages, villes, images diverses… Ses visions kaléidoscopiques et inattendues d’un territoire et du vivant se découvrent dans des dessins à l’échelle de la feuille ou du mur, dans des installations immersives, comme un cheminement à travers des cartographies en noir et blanc, incitant à la rêverie et à la déambulation. L’artiste suggère de nouveaux voyages à travers des paysages en mutation, sans cesse reconfigurés. Discontinues, les villes dont elle accentue la verticalité, la géométrie et l’aspect chaotique, subissent des changements d’échelle et de points de vue et proposent une expérience corporelle et mentale de l’espace. Plus récemment, elle a étendu son vocabulaire à d’autres médiums tels que la photographie, la vidéo et la danse et à des collaborations avec des musiciens.

Jusqu’au 24 octobre 2021
Du lundi au dimanche de 11h à 19h / Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Espace d’exposition de la Poste du Louvre, 52 rue du Louvre, Paris 1er

https://exposition-voyages-immobiles.diptyqueparis.com/