Le rideau se lève sur une nouvelle ère pour Dries Van Noten. Pour sa première collection en tant que directeur artistique, Julian Klausner a choisi le Palais Garnier comme théâtre de son entrée en scène. Un lieu qui incarne la mémoire, les histoires murmurées entre les murs, la force d’un patrimoine, et qui devient le cadre idéal pour interroger ce que peut être la mode aujourd’hui : un dialogue discret mais puissant entre passé et futur. Tout part d’un souvenir d’enfance. Klausner raconte avoir découvert les vêtements à travers un coffre de costumes familial. Une boîte à trésors remplie de textures, de matières, de silhouettes en devenir. Là, une ceinture trop serrée, ailleurs un manteau lourd ou une écharpe nouée au hasard : chaque geste devenait un jeu de transformation, un moyen d’inventer un personnage. Cet instinct brut, cette spontanéité tactile, est resté au cœur de sa vision créative.


Dans cette collection automne-hiver 2025-2026, il transpose cette mémoire en imaginant des femmes traversant les coulisses d’un opéra. Elles attrapent au passage des tissus, des objets, improvisent une silhouette en attachant une étoffe avec un lacet. Il y a une forme de désinvolture dans cette approche, mais aussi une extrême précision : l’allure se construit sur des gestes simples qui révèlent une force intérieure. La proposition se lit comme un rituel intime. Les pièces célèbrent la transformation, l’imperfection volontaire, ce moment où le vêtement ne fait plus seulement partie du corps mais devient une extension de l’imaginaire. L’univers de Dries Van Noten conserve son exigence et son raffinement, mais s’ouvre à une nouvelle intensité, nourrie par la jeunesse et la sensibilité de Klausner.
Un premier chapitre qui s’écrit comme une promesse : celle d’une maison capable de se réinventer sans trahir son héritage, en cultivant cette tension précieuse entre la mémoire et l’instinct.

