Together, tel était le thème général, le maître mot de cette 47ème édition de MODALISBOA, la célèbre fashion week de la capitale portugaise qui, pour l’occasion, fêtait cette saison son 25ème anniversaire.
La saison passée avait laissé remarquer que la proposition en terme de mode masculine était souvent plus cohérente et aboutit, cela s’est confirmé dans l’ensemble des collections, malgré le prêt-à-porter féminin de Luis Carvalho, Ricardo Preto, Dino Alves ou encore Felipe Faisca, l’homme est bel et bien plus structuré. Ce constat se fait aussi souvent dans la vie de tous les jours, les portugais sont très soucieux de leur apparence et se démarquent plus par des looks recherchés et pointus contrairement à la gente féminine qui reste classique et pourtant, a une proposition plus large en terme de shopping.
Après nous avoir laissé sur notre faim la saison dernière en ne présentant qu’un film sur son parcours, Nuno Gama est revenu en force avec à son habitude un défilé fleuve, qui pour cette édition, a su rester cohérent malgré le grand nombre de passage. De son récent voyage printanier en Asie, le créateur en a puisé une part de son inspiration et nous transporte en Indochine des temps modernes. Les matières sont bien choisies et les coupes actuelles sont en parfaites harmonies avec les coloris, il a su associer les pièces de sarong avec des cotons aux tons neutres pour contraster et donner de la force à ses silhouettes.
Pour la prochaine saison printemps été 2017 de la marque Kolovrat, la créatrice propose une collection quasi bi-color de noir et de blanc, elle s’octroie quelques touches plus fantaisistes avec des imprimés mais elle reste dans la sobriété de sa palette graphique. Les vêtements sont eux suffisamment chargés en détails et elle joue de cette opposition de matières fluides et rigides qui représente la dualité féminin/masculin si cher à la marque.
Ricardo Preto a présenté sa mode en 2 temps, le premier soir, son défilé de mode masculine puis le dimanche matin son prêt à porter féminin. Ces deux collections ont en commun la fonctionnalité, le compromis entre des lignes fluides et structurées ainsi qu’une homogénéité des coupes. Le résultat paraîtrait classique et sobre pour certains mais c’est souvent ce qui est réellement le plus difficile à obtenir, du beau basique ! Ses deux lignes sont plutôt réussies.
En opposition à sa précédente collection où il mettait en avant un classicisme nordique de mode scandinave aux tons nude, cette saison Luis Carvalho s’inspire de Debbie Harry à l’époque « Heart Of Glass ». Il n’est pas le premier créateur à s’en inspirer, mais ne sera encore moins le dernier, néanmoins le show étant assuré avec la très belle interprétation du titre phare de Blondie par Alex d’Alva tout de fuchsia vêtu.
Le designer joue parfaitement entre les variations de tailles, il oppose et associe des tissus plus fluides comme la soie avec le vinyle et propose aussi bien, des robes très courtes et sexy avec des robes longues plus glamour à l’épaule asymétrique. Pour ses quelques silhouettes masculines, là aussi il maîtrise le grand écart de style, du look casual à rayure tennis inversé, aux genoux zippés en ceinturant les coudes et marquant la taille des vestes, il propose aussi des manches courtes pour certains costumes à faire pâlir les rois de la Sape. L’ensemble est plutôt cohérent et pétillant.
En introduction de son show, Filipe Faisca présente une vidéo de quelques instants du duo Brigitte Bardot et Jeanne Moreau dans Viva Maria. La collection avait en effet un souffle de BB, les filles en robes courtes aux jambes galbées, des silhouettes où le créateur a joué de plissés et de transparence. A retenir, cette liquette dans une belle popeline de coton aux pans XXL, parfaite en toutes circonstances.
MODALISBOA soutient les créateurs et couturiers locaux depuis maintenant 25 ans, si certains répondent à l’appelle du chant des sirènes de la concurrence et ne présentent pas cette saison, leur collections dans la capitale portugaise au sein de cette fashion week, pour d’autre c’est une grande opportunité.
C’est le cas pour les jeunes designers dans la catégorie LAB, comme Patrick de Padua qui cette fois-ci fait défiler au même titre que les autres créateurs, sa mode masculine. Il mélange subtilement le Fado contemporain avec le Hip Hop, toute en transparence et opposition des matières comme la maille 3D, le PVC souple ou encore la laine super 100.
Joao Barriga, lui, faisait partie de la catégorie Sangue Novo, le concours des jeunes talents, il a séduit le jury avec sa collection Blackout, assez percutante et en révolte où domine l’oversizing et le noir. Le jeune homme a gagné le prix Moda Lisboa incluant un workshop à la Domus Academy à Milan ainsi qu’une bourse d’étude. Cette mention spéciale lui permettra certainement de se présenter à nouveau dans cette catégorie et gagner son passeport pour défiler en LAB la saison suivante ou il pourra s’exprimer sur un plus grand nombre de passages.
En marge de cette édition de MODALISBOA, diverses expositions étaient organisées dont « Future Archive by Miguel Domingos » ce photographe natif de Portalegre a commencé sa carrière à Londres après avoir suivi un cursus au London College Of Fashion.
Cette décennie passée à déambuler dans les coulisses des défilés et arpenter les villes de Paris, Londres, New York ou encore Lisbonne, a donné lieu à cette exposition de très beaux clichés de sa vision personnelle aussi bien de la mode que de l’art de vivre de ce noctambule.
©Miguel Domingos / Plus d’infos : http://www.migueldomingos.com/
